Mémoires Inclure les communautés minoritaires d’expression anglaise vulnérables dans les stratégies de promotion de la santé et de prévention du Québec CHSSN avril 22, 2025 Mémoires Mémoires Inclure les communautés minoritaires d’expression anglaise vulnérables dans les stratégies de promotion de la santé et de prévention du Québec Mémoire soumis au Ministère de la santé et des services sociaux par Le Réseau communautaire de santé et de services sociaux (RCSSS) le 15 avril 2025. À propos de ce mémoire La Consultation sur les stratégies provinciales de prévention et de promotion de la santé 2025 du Québec reconnaît l’importance d’améliorer l’identification des personnes et des groupes qui subissent l’impact des inégalités de santé et d’encourager leur participation à la co-construction de solutions adaptées à leurs réalités. Répondre aux communautés qui font face à des obstacles dans l’accès aux programmes de prévention et réduire les facteurs de risque qui favorisent l’apparition de maladies ou de blessures permet de diminuer non seulement la demande globale de soins et de services mais, plus particulièrement, le taux de demande d’interventions médicales plus coûteuses qui surviennent lorsque la prévention a été négligée. La mobilisation des Québécois autour d’une approche de prévention intensifiée et adaptée aux réalités locales se traduit par une plus grande efficacité du système de santé et une amélioration des résultats en santé pour l’ensemble de la population. Malgré les récents progrès globaux du Québec en matière de réduction des décès évitables et d’amélioration de l’espérance de vie, les inégalités d’accès aux ressources de santé publique et aux conditions de vie qui favorisent le bien-être physique et mental persistent au sein de certaines sous-populations. Ce mémoire traite de la situation des communautés d’expression anglaise du Québec et recommande des solutions pratiques pour une approche de promotion de la santé et de prévention mieux adaptée, plus inclusive et plus efficace. À propos du Réseau communautaire de santé et de services sociaux (RCSSS / CHSSN) Le Réseau communautaire de santé et de services sociaux (RCSSS / CHSSN) est un organisme provincial à but non lucratif qui se consacre à l’amélioration de la santé et du bien-être des communautés d’expression anglaise du Québec. Le RCSSS / CHSSN a conclu un accord de mise en œuvre avec le ministère de la Santé et des Services sociaux du Québec (MSSS), en vertu duquel les réseaux régionaux et locaux de santé communautaire collaborent avec les fournisseurs de services sociaux et de santé, ainsi qu’avec d’autres partenaires, afin d’établir des partenariats et des projets communautaires et institutionnels. Le RCSSS / CHSSN et ses 65 organismes membres s’efforcent de faciliter l’intégration et la participation des communautés d’expression anglaise aux initiatives et aux programmes offerts à la communauté linguistique majoritaire par le biais du système de santé publique. Le RCSSS / CHSSN a vingt-cinq ans d’expérience dans le développement des connaissances et de la confiance des parties prenantes en tant qu’autorité sur la situation des Québécois d’expression anglaise dans le secteur de la santé. La situation actuelle des communautés d’expression anglaise vulnérables au Québec Statut socio-économique Lorsque le statut socio-économique est examiné sous l’angle de la langue, la disproportion de Québécois d’expression anglaise vivant dans des circonstances vulnérables, tant en termes de revenus que de chômage, est mise en évidence. Cette situation est associée à une plus grande probabilité de problèmes de santé et à une plus grande dépendance à l’égard du système de santé publique du Québec. Revenu et pauvreté : Selon le recensement du Canada de 2021, 269 805 des 1,25 million de Québécois d’expression anglaise âgés de 15 ans et plus gagnaient un revenu annuel inférieur à 20 000 $, ce qui représente 25,7 % de cette population, une proportion beaucoup plus élevée que celle observée dans la majorité francophone du même groupe d’âge (19,9 %). En ce qui concerne le seuil de faible revenu (SFR), nous constatons qu’en 2021, 12 % des anglophones vivaient sous le SFR, comparativement à seulement 7 % des francophones. Tant pour le groupe linguistique minoritaire que pour le groupe linguistique majoritaire vivant au Québec, la tendance à vivre sous le seuil de faible revenu a diminué entre 2016 et 2021, mais l’écart relatif entre les anglophones et les francophones s’est creusé au cours de cette période. Le chômage : Le rapport 2023 de la Table ronde provinciale sur l’emploi (PERT), qui s’appuie sur le recensement de 2021, indique que les Québécois d’expression anglaise sont plus susceptibles d’avoir un emploi précaire, tel qu’un emploi temporaire ou un emploi impliquant moins de semaines moyennes. Ils sont plus susceptibles de travailler à temps partiel que les francophones. En ce qui concerne le chômage, alors que la moyenne provinciale pour les francophones est demeurée la même au cours des cinq années séparant les recensements (2016 et 2021), soit 6,9 %, elle a augmenté de 2 % pour les anglophones, passant de 8,9 % à 10,9 %. En 2021, le taux de chômage des anglophones est également plus élevé que celui des francophones dans toutes les régions du Québec. L’écart dans le groupe des 25-44 ans est encore plus important. En 2016, il y avait une différence de 2,8 % entre les anglophones et les francophones (8,5 % pour les anglophones vs 5,7 % pour les francophones) et en 2021, cet écart est passé à 4,6 % (9,8 % pour les anglophones vs 5,2 % pour les francophones). Il est clair que cette jeune moitié de la population d’expression anglaise ne s’en sort pas aussi bien. Enfants, jeunes et aînés : Au Québec, il y avait 69 820 enfants d’expression anglaise âgés de 0 à 5 ans. Parmi ces enfants, 6 360 (9,1 %) vivaient sous le SFR. Cette proportion est beaucoup plus élevée que celle de la population francophone (4,7 %). Selon les résultats de 2017 et de 2022 de l’Enquête québécoise sur le développement des enfants à la maternelle (EQDEM), quel que soit le niveau de désavantage socioéconomique, les enfants de langue maternelle anglaise, comparativement à ceux de langue maternelle française, étaient plus susceptibles de présenter une vulnérabilité (retard de développement) dans au moins une dimension du développement. En 2021, parmi les jeunes de 15 à 24 ans, 19,4 % des anglophones vivaient sous le SFR, contre 9,1 % des francophones du même âge. Selon le recensement de 2021, 13,5 % des aînés d’expression anglaise (65 ans et plus) vivent sous le seuil de faible revenu, comparativement à 9,5 % des aînés francophones. Santé mentale et information sur la santé La santé mentale : Les inégalités d’accès à la connaissance, à la promotion et aux initiatives de prévention en matière de santé mentale ainsi qu’au diagnostic et au traitement, sont désormais de longue date. « Il n’y a peut-être aucun autre domaine de la santé où le diagnostic et le traitement dépendent autant de la langue et de la culture ». Les services et les campagnes de soutien pour des maladies telles que l’anxiété et la dépression ou la sensibilisation au suicide reposent sur une communication efficace. Un ensemble substantiel et convaincant de recherches internationales démontre que la réduction des barrières linguistiques augmente la participation aux activités de prévention, encourage les patients à se présenter à temps pour recevoir des soins, réduit le risque d’erreur de diagnostic, améliore la compréhension et l’adhésion du patient au traitement prescrit, améliore le taux de réussite du traitement et améliore la confiance générale dans les autorités en santé et le système de santé. Informations provenant du système de santé publique : Parmi les 3 500 Québécois d’expression anglaise interrogés en 2023, seuls 36 % ont répondu « oui » à la question de savoir s’ils avaient reçu des informations sur les programmes de promotion de la santé publique ou de prévention de la part des autorités publiques au cours des deux années précédentes. Parmi les répondants de 65 ans et plus, seuls 25 % ont répondu « oui ». Bien que la population de langue minoritaire du Québec soit très bilingue, seule la moitié des aînés d’expression anglaise peuvent parler français. Cette situation est aggravée par le fait que les patients, quel que soit leur âge et leur compétence dans leur langue seconde, ne sont pas à l’aise d’utiliser leur langue seconde lors de stress tel une intervention médicale et par crainte d’une éventuelle erreur de communication. Les actions préventives déjà en place doivent être poursuivies et renforcées Il est possible d’agir collectivement pour améliorer le taux de participation aux stratégies de santé et de promotion et réduire les facteurs de risque qui favorisent l’apparition de maladies et de blessures. Il existe un secteur communautaire solide et de longue date qui cible les diverses réalités locales de 1,25 million de citoyens, mais il est méconnu, sous-financé et sous-utilisé par les parties prenantes du gouvernement. Aux niveaux provincial et régional, il existe des réseaux qui mobilisent les communautés pour qu’elles agissent sur leur situation. Le cas du RCSSS / CHSSN et de ses réseaux au Québec est un modèle documenté de bonnes pratiques en matière de collaboration intersectorielle et de solutions conçues pour mieux cibler les diverses réalités locales afin d’améliorer les services de santé. Il existe des initiatives incluant des intervenants gouvernementaux, des organismes de la société civile et des citoyens, mais une voix plus forte est nécessaire dans les consultations gouvernementales qui ont un impact direct sur l’avenir de la planification et de l’investissement dans les organismes québécois existants et performants, dédiés aux communautés d’expression anglaise à travers la province. Ces organismes sont engagés auprès de leurs communautés et ont gagné leur confiance, ils comprennent leurs besoins en matière de promotion de la santé et de prévention, et ils s’emploient déjà à réduire les facteurs de risque qui sont non seulement coûteux en termes d’investissements dans le système, mais aussi en termes de durée et de qualité de vie de leurs utilisateurs. Conclusion et recommandations L’occasion de réduire la demande actuelle en soins de santé en incluant les communautés d’expression anglaise vulnérables dans les stratégies de promotion de la santé et de prévention du Québec est à portée de main. En s’appuyant sur ses antécédents en matière de développement des capacités communautaires et de promotion de la collaboration intersectorielle, le Québec améliorerait le rendement global de son système de santé et, ce faisant, profiterait à l’ensemble de la population. Plus précisément, il est recommandé que les autorités en santé : S’inspirent des stratégies de promotion de la santé qui ont réussi à inclure les minorités linguistiques et à étendre la portée des actions de réduction des risques, et s’appuient sur leur succès avéré; Améliorent l’accessibilité des services de promotion de la santé et de prévention existants en les proposant en anglais et en français, en particulier dans les zones rurales; Adaptent le matériel d’éducation en santé existant pour combler le manque d’information en anglais et modifier les campagnes de sensibilisation pour accroître la participation des utilisateurs d’expression anglaise du système et réduire ainsi leur dépendance à l’égard de soins critiques coûteux et tardifs; Favorisent les partenariats et la collaboration entre les acteurs gouvernementaux, les organismes du secteur communautaire au service des Québécois d’expression anglaise et les citoyens locaux; Identifient les communautés d’expression anglaise du Québec comme vulnérables et ouvrent la porte à leur inclusion dans l’élaboration des politiques et la conception des stratégies de promotion de la santé et de prévention. Référence(s) Bowen, S. (2015) pour la Société Santé en Français (SSF). Impact des barrières linguistiques sur la qualité et la sécurité dans les soins de santé, p. 17. http://santefrancais.ca/wp-content/uploads/SSF-Bowen-S-LanguageBarriers-Study-1.pdf Ibid, p. 35-36. RCSSS / CHSSN. (2024). L’accès en anglais aux services de santé et aux services sociaux au Québec. 2023-2019. P.108. https://chssn.org/fr/documents/lacces-en-anglais-aux-services-de-sante-et-aux-services-sociaux-au-quebec-2023-2019/ Pocock, J. (2021). La communauté d’expression anglaise du Québec et l’approche partenariale de ses réseaux en santé. Minorités linguistiques et société / Linguistic Minorities and Society, (15-16), 264-283. https://www.erudit.org/en/journals/ Lisez le document original soumis ci-dessous : 2025-04-15 CHSSN Prevention Brief_FRDownload Partagez cette page Facebook Twitter LinkedIn Pinterest Email