Communauté Réflexions sur l’équité en matière de santé mentale et l’engagement des jeunes CHSSN septembre 26, 2023 Communauté Communauté Réflexions sur l’équité en matière de santé mentale et l’engagement des jeunes « L’injustice et la tristesse peuvent nous rappeler que nous appartenons les uns aux autres, que ce qui vous affecte me concerne aussi » – Krista O’Reilly-Davi-Digui La pandémie a rappelé à l’ensemble de la société que le secteur associatif était le levier de mobilisation le plus rapide et le plus sûr pour trouver les moyens de s’adapter dans l’incertitude. Cela pourrait bien refléter la puissance du sentiment d’appartenance à l’autre. Le travail communautaire reste un moteur essentiel du changement et, dans le même ordre d’idées, une pierre angulaire du bien-être. L’accès à des services sociaux et de santé mentale adéquats et de qualité reste un besoin prononcé pour les jeunes adultes d’expression anglaise et le secteur communautaire y répond. Alors que nos initiatives en matière de santé mentale des jeunes s’acheminent vers l’automne de notre dernière année, nous entrons dans une période où le fait de rendre nos apprentissages visibles par le biais d’une récolte collective nous aide à approfondir notre compréhension et nos pratiques tout en donnant un sens aux célébrations de la terre auxquelles nous avons pris part cet été. Il semble approprié de s’appuyer sur les modes de connaissance indigènes (lien à créer vers autre document) pour réfléchir à la nature du travail communautaire que nous avons soutenu dans le cadre de notre mandat sur la santé mentale des jeunes. L’équité, la diversité et l’inclusion, c’est la santé mentale Travailler dans le secteur communautaire à l’intersection de la santé mentale et des minorités de langue officielle plonge notre réseau dans le dilemme de tous nos partenaires en quête d’équité, peut-être plus profondément que dans le seul domaine de la santé. L’intersectionnalité est vitale pour l’accès aux soins de santé mentale et les organisations communautaires (elles-mêmes fondées sur la connaissance que les relations avec la communauté sont le plus grand levier de changement des systèmes) en sont bien conscientes. Le défi de l’accès aux services publics de soins en anglais reste la proximité, la capacité (intervenants bilingues) et la qualité. La fourniture de services de qualité et sûrs dépend inextricablement de la langue, et ce d’autant plus si l’on tient compte de l’intersectionnalité, comme le montre l’appel en faveur d’approches tenant compte des traumatismes, adaptées à la culture et affirmant l’identité. [Traduction FR: Dans l’ensemble, ces sous-groupes de jeunes adultes d’expression anglaise se sont révélés particulièrement vulnérables aux luttes en matière de santé mentale et aux lacunes et obstacles à l’accès à des services de santé mentale adéquats : LGBTQIA2S+, membres de la communauté noire, jeunes soignants, parents, jeunes handicapés et anciens élèves en famille d’accueil ] Compte tenu de la diversité de nos communautés d’expression anglaise et du fait que leur vulnérabilité en tant que bénéficiaires de soins de santé mentale est directement influencée par leurs antécédents de pauvreté, de discrimination systémique, de traumatisme intergénérationnel, de stress minoritaire et de stigmatisation régionale, les organisations qui œuvrent en faveur de l’accès à ces soins sont attentives aux besoins exprimés par nos jeunes adultes. Un exemple tiré de l’enquête Youth Pulse Check (lien à créer vers autre document) montre que la relation entre le stress financier et la santé mentale est encore aggravée par l’accessibilité limitée des services de santé mentale en anglais dans le secteur public, d’une part, et par le coût élevé des thérapies accessibles en anglais dans le secteur privé, d’autre part. Alors que la précarité financière élargit le fossé des jeunes d’expression anglaise exclus des services de santé mentale, une situation à laquelle leurs homologues francophones n’ont pas besoin de recourir, les difficultés financières ont affecté de manière disproportionnée la santé mentale des répondants noirs (44 % d’entre eux ont déclaré que leurs difficultés financières avaient affecté leur santé mentale), des répondants qui s’identifient comme non binaires, transgenres, bispirituels ou autres (49 %) et des répondants qui ont cessé d’être placés dans des familles d’accueil (90 %). Cette constatation, ainsi que d’autres, oblige les organisations à se pencher davantage sur les pratiques d’EDI et, ce faisant, à faire passer l’inclusivité de l’intention à l’action. L’engagement à agir différemment et à s’adapter aux besoins et aux valeurs des jeunes adultes d’expression anglaise contribue à l’authenticité de la relation et consolide les bases sur lesquelles il est possible de défendre leurs intérêts. Cette approche a émergé naturellement au cours de l’initiative sur la santé mentale des jeunes. Les jeunes en tant que partenaires des organisations communautaires Les actions du réseau qui ont l’impact durable le plus élevé sont celles qui ont assuré la responsabilité des jeunes dans leur conception. Par exemple, non seulement la promotion de la connexion évolutive avec les jeunes a été au premier plan de chaque initiative, mais il en a été de même pour l’évaluation interne des pratiques favorables aux jeunes, jusqu’au niveau du conseil d’administration. Des pratiques d’engagement solides en dépendent globalement. Les organisations de notre réseau ont utilisé un outil d’auto-évaluation basé sur la norme de qualité pour l’engagement des jeunes (Centre d’excellence de l’Ontario pour la santé mentale des enfants et des adolescents, lien à créer vers autre document) pour réfléchir aux domaines à développer qui nécessitent une discussion autocritique ouverte et/ou un renforcement des compétences pour démarrer. Le suivi dépend des valeurs fondamentales de l’organisation elle-même, des ressources et de l’engagement. Selon une étude récente d’Imagine Canada (lien à créer vers autre document), les organisations à but non lucratif qui présidaient un conseil d’administration avec une représentation diversifiée s’engageaient plus fortement dans les pratiques d’EDI, ce qui affecte en aval le lien de l’organisation avec les communautés sous-représentées. Il en va de même pour les pratiques favorables aux jeunes. En fait, l’un de nos groupes s’enorgueillit d’avoir un conseil d’administration entièrement dirigé par des jeunes ainsi qu’un comité consultatif de jeunes qui oriente les projets. Bien qu’exceptionnel, l’enseignement est que si un poste au conseil d’administration est adapté pour être accessible aux jeunes, il y a de fortes chances que l’organisation ait mis en pratique des moyens intentionnels d’impliquer les jeunes, tels que l’élaboration de programmes qui utilisent avec succès l’innovation démocratique menée par les jeunes. Ce cadre exige « un engagement à renforcer la prise de décision des jeunes ainsi que la valeur des compétences, de l’expérience et du pouvoir des jeunes ». De surcroît, ces programmes doivent permettre aux jeunes d’appliquer leurs compétences uniques, leurs réseaux et leur créativité pour entreprendre des projets de leur propre conception tout en permettant des décisions significatives et substantielles où le pouvoir est partagé » (L’apathie est ennuyeuse, lien à créer vers autre document). Pour demander aux jeunes vulnérables difficiles à atteindre de devenir des partenaires, les organisations communautaires doivent adopter diverses formes de participation adaptées et peu contraignantes pour les jeunes. Les organisations ont fait le travail de vérifier si elles étaient adaptées aux jeunes avant de demander à un jeune de leur ouvrir la voie pour travailler avec elles. Cette approche est préférable et s’apparente à l’adaptation culturelle des programmes sans attendre des partenaires BIPOC qu’ils subventionnent l’apprentissage des Blancs (en leur faisant faire le travail) ou qu’ils demandent aux communautés LGBTQIA2S+ de vérifier la sécurité de leurs espaces (alors que les organisations peuvent s’informer elles-mêmes). Spectre des attitudes des adultes Changer la perception des jeunes en tant qu’objets, bénéficiaires ou ressources, c’est recadrer la façon dont le travail est fait pouret avec les jeunes (Spectre d’attitudes de Lofquist, lien à créer vers autre document). Nombreux sont ceux qui ont gravi l’échelle de la participation des jeunes de Roger Harts (lien à créer vers autre document) pour s’assurer que la participation ou l’action des jeunes soit prise en compte dans la planification, l’exécution et l’évaluation. Ces domaines d’implication reflètent la profondeur des liens que l’organisation entretient avec les jeunes membres de la communauté et sont les précieuses graines de l’adhésion qui produiront des résultats durables tels que l’autonomisation des jeunes (sentiment qu’ils ont les compétences nécessaires pour identifier, communiquer et plaider en faveur de leur santé mentale). Le codéveloppement avec les jeunes est idéalement conçu dès le début d’une initiative, mais de nombreuses organisations encore novices dans ce domaine progressent sur la voie de partenariats significatifs avec les jeunes, ce qui peut demander beaucoup d’efforts et de temps à cultiver. Atteindre ce niveau d’engagement ajoute un sens au travail effectué (pourquoi faisons-nous cela ?) et apporte des ressources à la table (comment pouvons-nous puiser dans le pouvoir de l’expertise et des compétences des jeunes ?) L’apport des jeunes Québécois d’expression anglaise ajoute une perspective précieuse à ce que c’est que de naviguer dans un système de soins qui n’a pas nécessairement été conçu en fonction d’eux. Bien-être des jeunes aidants communautaires Enfin, si nous voulons être présents pour ceux avec qui nous voulons être en communauté, nous devons recevoir, rendre la pareille et nous ressourcer. Les organisations communautaires à but non lucratif de notre réseau ont dû faire face à de nombreux changements difficiles à la suite de la COVID-19. Parmi eux, la rotation du personnel et la transition du leadership, les changements de responsables dans les organisations et établissements partenaires (écoles et services sociaux), le manque de ressources pour les besoins organisationnels fondamentaux tels que la communication et les salaires, malgré l’augmentation des fonds consacrés à la santé mentale dans le cadre d’un projet spécifique. Dans le cadre de notre initiative en faveur de la santé mentale des jeunes, les organisations se sont souvent tournées, à juste titre, vers l’embauche de jeunes. Il convient toutefois de mentionner que ces jeunes adultes, bien qu’ils soient les mieux placés pour connaître les obstacles systémiques auxquels eux-mêmes et leurs pairs sont confrontés dans l’accès aux soins de santé mentale, restent les moins soutenus, comme cela a été démontré au début de la pandémie (lien à créer vers autre document) ainsi que dans notre propre enquête communautaire collaborative en 2022 (lien à créer vers autre document). Cette expérience n’est pas exclusive des jeunes vulnérables aux identités croisées qui peuvent plaider pour des services de santé mentale en anglais tout en réclamant des sources de soins culturellement compétentes. La vérité et la réconciliation mettent les systèmes coloniaux dans une situation inconfortable en leur demandant de reconnaître les torts causés et de s’engager dans des pratiques réparatrices, mais ce sont également les systèmes de pouvoir que les travailleurs communautaires autochtones et BIPOC doivent traverser avec précaution pour être financés, entendus et influencr. [Traduction FR: Les jeunes adultes d’expression anglaise (18-29) ont du mal à accéder aux soins de santé mentale au Québec. Ils veulent des services et des soutiens publics ou abordables en anglais et adaptés à différents sous-groupes de jeunes. Lire le rapport #YouthPulseCheck complet au chssn.org/documents] Que peuvent faire les organismes communautaires qui collaborent avec les jeunes pour atténuer le poids que portent les jeunes dans leur rôle de défenseurs et de mal desservis ? Leur demander de s’exprimer sur les lacunes et les obstacles aux services de santé mentale est très personnel et éprouvant, alors comment gèrent-ils leur propre bien-être dans le cadre de leur mission globale ? Les organisations qui ont trouvé la réponse ont cherché non seulement à éviter l’épuisement professionnel, mais aussi à adopter des politiques et des procédures qui représentent une compréhension humaine et holistique de l’impact du travail pour et dans le secteur communautaire. Rares sont ceux qui peuvent s’éloigner du travail effectué, car ses résultats sont exceptionnellement personnels pour leur vie en tant que membres de la communauté. Cependant, les organisations peuvent fixer des limites saines à leur charge de travail et assurer de solides lignes de soutien au sein de l’organisation, soutenues par des politiques claires qui reconnaissent les subtilités des privilèges et de la dynamique du pouvoir dans les partenariats entre adultes et jeunes. Faire partie d’un réseau, d’un collectif, incarne le pouvoir de l’appartenance à l’autre et sert de facteur de protection dans la mesure où le fait de s’attaquer ensemble à des défis similaires peut repousser une partie de l’accablement lié à l’inégalité en matière de santé mentale lorsqu’elle semble hors de notre contrôle ou de notre cercle d’influence. Sachant pertinemment que nos jeunes travailleurs communautaires en santé mentale font eux-mêmes partie de la cohorte que nous cherchons à soutenir, les organisations peuvent promouvoir leur résilience, en leur montrant comment orienter les soins, l’empathie et la compassion vers eux-mêmes. *Pour en savoir plus sur l’application de l’intersectionnalité dans le domaine de la santé publique : Une série de webinaires en deux parties par le Centre de collaboration nationale des déterminants de la santé : https://nccdh.ca/workshops-events/entry/lets-talk-about-applying-intersectionality-in-public-healthhttps://youtu.be/g5SzMC4E-2o?si=K3mb5IHf2K14jmPr&t=1550 Partagez cette page Facebook Twitter LinkedIn Pinterest Email